A l’occasion du renouvellement de notre agrément Sauveteur Secouriste du Travail (SST), délivré le 6 octobre dernier par l’INRS, nous avons souhaité faire un focus sur le garrot, qui a été officiellement réintroduit dans les formations secourisme en 2017. Nous avons demandé à Céline Bonhoure, formatrice, de nous livrer son point de vue.
SA BIO EXPRESS – Depuis 12 ans, Céline Bonhoure évolue dans le monde du secourisme. Aide-monitrice, puis formatrice PSC et IPSEN (Initiation Premiers Secours Enfant et Nourrisson), elle est – depuis 2014 – formatrice indépendante en secourisme, principalement en SST et PSC1. Auparavant institutrice à l’école Montessori, c’est en 2005 qu’elle découvre le secourisme en passant l’AFPS (PSC1 aujourd’hui). Elle intégre ensuite la Croix-Rouge Française comme bénévole. Diplômée d’un CFAPSE (PSE1 et PSE2 aujourd’hui), elle fait alors du renfort réseau 15 (SAMU) et réseau 18 (Pompiers), ainsi que des renforts extra-départementaux comme la Féria de Nîmes, Astropolis à Brest, les Vieilles Charrues à Carhaix ou encore les élections présidentielles à Paris. Elle collabore avec ARTEK sur les formations SST depuis 2015.
Céline, après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, la pose du garrot est revenue dans les formations Sauvetage Secourisme du Travail. Pourquoi ?
Suite aux attentats, le Ministère de l’Intérieur a demandé le retour de l’apprentissage de la pose du garrot dans les formations (initiations, PSC1 et SST). Avec l’attentat du Bataclan, il y a eu une véritable prise de conscience : trop peu de personnes étaient formées aux gestes de premiers secours et le nombre important de victimes exige des moyens d’action plus adaptés. En effet, quand il y a un grand nombre de victimes à évacuer, la technique du garrot s’avère la plus efficace. Le garrot permet au secouriste de se libérer pour effectuer d’autres gestes.
En 2016, la pose du garrot a d’abord été enseignée dans une formation “Les gestes qui sauvent”, initiation de 2h encadrée par les pompiers. Puis, elle s’est généralisée avec les associations de secours – comme la Croix-Rouge Française – qui l’ont réintroduite dans leurs formations. En février 2017, le garrot est officiellement apparu dans les formations PSC1 et SST.
Le garrot n’est pas sans risque, quels sont les points de vigilance à respecter ?
Le garrot se fait uniquement dans certaines circonstances que l’on peut qualifier d’extrêmes. Il reste un geste de guerre ! Poser un garrot, c’est couper la circulation du sang dans une partie du bras ou de la jambe.
Quand le poser ? En cas de nombreuses victimes, pour de multiples blessures sur une même victime, amputation, saignement abondant persistant, blessure par balle, corps étranger dans le membre associé à une hémorragie.
Comme je l’évoquais précédemment, le garrot permet au secouriste de se libérer pour effectuer d’autres gestes. Il ne doit pas être trop serré. Dès que l’arrêt du saignement est constaté, il ne sert à rien de continuer à serrer encore plus. À partir de 2h, une paralysie peut s’installer. Après 4 à 6h, apparition de gangrène qui peut aller jusqu’à l’amputation. Le garrot ne doit pas être desserré, ni recouvert par quoi que ce soit. Ne posez pas de vêtement, ni de couverture sur le garrot, car ainsi dissimulé, il risquerait de passer inaperçu et d’être retiré trop tard. Notez, si possible, l’heure de la pose du garrot pour la communiquer aux secours le plus rapidement. En attendant, une fois posé, le garrot ne doit surtout plus être touché, seul le médecin avec son équipe pourra l’enlever : des toxines se seront développées et ne doivent pas se propager dans le reste du système circulatoire.
Pour un garrot improvisé, que peut-on utiliser ?
La pose du garrot se fait en amont de l’hémorragie et au plus près de la blessure, autrement dit pas à la base du membre. Il existe deux types de garrot : le garrot simple et le garrot tourniquet.
> Pour le garrot simple, il faut un lien assez long et assez large comme un foulard, une cravate, une ceinture,… Ne pas utiliser de lacet qui pourrait couper les chairs et muscles, ni d’élastique.
> Pour un garrot tourniquet, qui est enseigné au SST, il faut soit un lien assez large et d’une longueur suffisante, soit deux liens plus courts et d’un support rigide comme stylo, bout de bois, cuillère,… Les deux associés forment un tourniquet (comme un robinet d’eau) que l’on va tourner jusqu’à l’arrêt constaté du saignement. Une fois l’hémorragie stoppée, on fixe le garrot.
Merci à Céline Bonhoure d’avoir répondu à nos questions // Entretien réalisé par Katia Massol
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