► Tyka, vous êtes Régisseuse générale, Directrice technique et Chargée de sécurité dans le secteur du spectacle et de l’évènementiel. Comment tout cela a commencé ? Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
J’ai commencé ma carrière professionnelle en tant qu’enseignante en éducation physique et sportive. Puis, je suis devenue gérante d’une salle de remise en forme et de danse. Au vu de l’investissement physique, comme les sportifs de haut niveau, j’ai anticipé ma réorientation. Ma salle fonctionnait très bien et cela m’a permis de la revendre en 2007. J’ai repris des études et j’ai obtenu une Licence Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives (STAPS) option MANAGEMENT. J’ai eu alors des postes de chargée de mission dans le secteur sportif. Toutefois, le terrain me manquait et la partie administrative prenait une part trop importante de la fonction.
J’ai donc choisi de travailler dans le secteur du spectacle. En effet, en tant que danseuse, j’ai toujours baigné dans l’univers de la scène et des plateaux. J’ai suivi des stages et des formations en lumière, son et régie générale. Très vite, j’ai été employée en tant que régisseuse pour le Salon de la Musique à Paris. Ensuite, le bouche-à-oreille a fonctionné, mon réseau s’est développé. On rentre dans un festival, on est approuvé par les équipes, les organisateurs… Ça s’est fait rapidement.
Parallèlement, je me suis toujours formée. Je suis titulaire du SSIAP 1, 2 et 3, du Brevet de prévention et également Technicienne compétente en Chapiteaux, Tentes et Structures. A la vente de ma salle de sport, je m’étais fixée un challenge : je m’étais donnée 10 ans pour faire trois festivals importants. Objectif atteint avec Le Printemps de Bourges, Garorock à Marmande et Rock en Seine !
► En 2019, vous avez fait partie de la 1ère édition du Festival Vyv Les Solidarités à Dijon qui a connu un beau succès. Quelles y étaient vos missions ?
J’ai managé l’accueil du public du Festival Vyv Les Solidarités : 20000 spectateurs sur deux jours de concerts. Il y a eu un vrai travail d’équipe et une direction du festival très à l’écoute. Avec la pandémie de COVID-19, la 2ème édition prévue en 2020 a été reportée aux 12 et 13 juin 2021. Mes missions vont monter en puissance, puisque j’y assurerai la sûreté et la sécurité incendie. C’est un vrai plaisir de faire à nouveau partie de cette aventure.
► Vous assurez également, depuis plusieurs années, la fonction de « Préventeur » pour la plus grande salle d’Europe, à savoir Paris La Défense Aréna. Que recouvre ce poste concrètement ?
Je suis employée par un prestataire pour suivre les équipes techniques des productions accueillies au niveau de la sécurité au travail pour le compte de l’ARENA. En lien avec le Préventeur des équipes de production, nous veillons à ce que tous travaillent en sécurité. Il s’agit de prévention auprès des collaborateurs, d’accompagnement bienveillant et non de répression. Concrètement, nous expliquons et vérifions les habilitations des travailleurs, le port des EPI et nous nous assurons que les obligations transcrites dans le cahier des charges de l’ARENA sont bien respectées par les productions accueillies.
► Petite question flash-back… Quel évènement vous a le plus marqué professionnellement ?
Tous les évènements sur lesquels je travaille sont marquants, c’est à chaque fois la rencontre de nouveaux collaborateurs et des échanges entre collègues qui parlent le même langage.
Les anecdotes dans notre métier sont nombreuses ! Par exemple, sur une édition du Printemps de Bourges, il y a eu un problème sur l’escalier des toilettes. Et je me suis retrouvée nez-à-nez avec le chanteur M. Il m’a alors aidée en tenant la clé à molette. Mais l’une des causes de stress, c’est quand un artiste part dans le public sans avoir prévenu personne… Car là, on ne peut rien anticiper. Un évènement, c’est un projet qui évolue. La réactivité est indispensable, la bienveillance entre collaborateurs et aussi entre organisateurs représente un vrai plus.
► En novembre dernier, vous avez encadré notre Formation Sécurité des spectacles en visioconférence. Quelle a été votre démarche pédagogique ? Quels sont pour vous les points de vigilance dans l’animation d’une formation à distance ?
Même si je préfère intervenir en présentiel, je dirais que c’est mieux que rien ! Cela permet aux stagiaires de se former quel que soit le contexte, de rester vigilants sur les questions de sécurité, d’être en veille réglementaire. Après mes premières formations en visioconférence, je dois avouer que j’ai été agréablement surprise du résultat et de l’attention des stagiaires. En réservant la dernière heure de la journée à des questions ouvertes et axées sur leur pratique professionnelle, on arrive à un bon équilibre. A distance, l’attention du formateur est cruciale pour ne pas perdre en qualité. En ayant un regard attentif sur le public, on s’aperçoit rapidement quand un stagiaire décroche, quand il lit ou répond à des mails et on le repêche vite !
Par ailleurs, les outils et l’accompagnement que nous avons à ARTEK m’ont permis de travailler en toute sérénité. Je tiens à remercier Camille Petitpas pour sa réactivité. Elle intervient dès qu’on rencontre un souci technique. C’est vrai un soulagement pour les formateurs.
► Bien que la période soit difficile pour se projeter, nous imaginons sans peine que vous avez des projets. Quels sont-ils pour 2021 ?
J’espère pouvoir reprendre mes activités dans les salles et festivals car je pense qu’il faut se nourrir de l’expérience du terrain pour être captivante au niveau des formations. A ce jour, tous les festivals de l’année dernière me reconduisent ainsi que les salles dès que les spectacles reprendront. Avec les équipes, on s’appelle régulièrement pour faire le point. Je fais des visioconférences avec les cinq nouveaux festivals en projet pour cette année. Nous espérons que les festivals en extérieur auront lieu cet été. Afin de préparer ces évènements, nous prenons contact en visio avec les Préfectures, les Mairies… pour prendre la température et voir comment ils envisagent la suite.
Quand les festivals reprendront, il faudra concilier trois préoccupations majeures : la sécurité incendie / la sûreté / la Covid. Aucune ne devra prendre le pas sur l’autre, il faudra agir de façon globale pour assurer la sécurité du public.
► Que conseilleriez-vous à celles et ceux qui débutent dans le métier aujourd’hui ?
Garder l’esprit aiguisé.
Ne jamais penser qu’un spectacle ou un festival est la copie du précédent.
Rester humble et se remettre sans cesse en question.
Garder toujours à l’esprit de rester bienveillant envers ses collaborateurs.
Pour se faire respecter, il faut être respectueux !
Merci à Tyka Raimundo pour ce bel entretien // Propos recueillis par Katia Massol